F-Matura | Lesen | Wahr oder Falsch | B2 | L’arrivée

Lisez l’extrait du roman Aux confins du monde, où Karl Ove raconte son arrivée dans un village de Norvège pour son premier poste de professeur. D’abord décidez si les affirmations (1-6) sont vraies (V) ou fausses (F) et mettez une croix dans la bonne case sur la feuille de réponses. Ensuite identifiez la phrase du texte qui motive votre décision. Écrivez les 4 premiers mots de cette phrase dans la case prévue. Il y a peut-être plusieurs réponses correctes, mais vous devez n’en donner qu’une seule. La première réponse (0) est donnée en exemple.

L’arrivée

[…] j’avais un appartement à moi !
J’allais et venais dans les pièces, ouvrais les tiroirs et jetais un œil dans les placards jusqu’à ce que le gardien revienne les bras chargés de quoi garnir un lit. Quand il fut reparti, je me mis à déballer le peu de choses que j’avais apportées. Mes vêtements, une serviette de bain, ma machine à écrire, quelques livres et du papier pour machine à écrire. Je mis le bureau devant une des fenêtres du séjour, y posai la machine à écrire, déplaçai le lampadaire, installai les livres sur le rebord de la fenêtre, ainsi que Vinduet, une revue de littérature que j’avais achetée à Oslo et à laquelle j’avais décidé de m’abonner. Je mis à côté les quinze ou vingt cassettes que j’avais prises avec moi et sur la table, à côté du papier, je posai mon walkman et les piles de rechange.
Quand l’installation de mon bureau fut terminée, je rangeai mes vêtements dans les placards de la chambre, réussis à caser les valises vides sur l’étagère du haut et restai un moment au milieu de la pièce à ne pas savoir quoi faire.
J’avais envie d’appeler quelqu’un pour raconter comment c’était ici mais il n’y avait pas de téléphone dans l’appartement. Et si je sortais chercher une cabine ?
J’avais faim aussi.
Et la baraque à frites de tout à l’heure ? Ne serait-ce pas une bonne idée d’y aller ? Dans l’appartement, en tout cas, il n’y avait rien à faire.
Devant le miroir de la petite salle de bains qui donnait sur le vestibule, je coiffai mon béret noir.
Dehors, je restai quelques secondes à regarder. D’un seul coup d’œil, on embrassait tout le village et ses habitants. Ce n’était pas vraiment le lieu idéal pour se cacher. En marchant dans la rue, gravillonnée dans sa partie supérieure et asphaltée dans sa partie inférieure, je me sentais totalement transparent.
Quelques garçons d’une quinzaine d’années traînaient devant la baraque à frites. Leur conversation cessa à mon arrivée. Je les dépassai sans les regarder, gravis les marches de ce qui ressemblait à une terrasse et me dirigeai vers le guichet qui brillait d’un jaune criard dans la douce lumière de fin d’été qui semblait en suspension.

La vitre était envahie d’une couche de graisse. Un garçon à peu près aussi jeune que ceux que j’avais derrière moi s’approcha du guichet. Quelques longs poils noirs poussaient sur ses joues. Il avait les yeux bruns et les cheveux noirs.
— Un menu hamburger et un Coca, dis-je.
Je tendais l’oreille pour savoir si les murmures dans mon dos avaient rapport à moi. Mais non. J’allumai une cigarette et fis les cent pas sur la plate-forme en attendant. Le garçon plongea dans la graisse bouillante un ustensile ressemblant à une épuisette remplie de bâtons de pomme de terre crue et posa un hamburger sur la plaque de cuisson. À l’exception du doux grésillement et des voix maintenant animées derrière moi, tout était silencieux. Les lumières brillaient dans les maisons sur l’île du fjord. Le ciel, bas à cet endroit mais d’autant plus haut au large, était d’un bleu-gris légèrement voilé, loin d’être sombre.
Le silence n’était pas oppressant, il était ouvert.
Mais pas à nous, pensai-je sans savoir pourquoi. Ici, le silence avait toujours été ainsi, longtemps avant qu’il y eût des hommes, et il le restera longtemps après qu’ils auront disparu, dans cette cuvette montagneuse face à la mer.
Et où finissait cette dernière en vérité ? En Amérique ? Oui, sûrement. À Terre-Neuve.
• Voilà le hamburger, dit le garçon en posant sur le rebord du guichet un plateau-repas en polystyrène composé d’un hamburger, de quelques lanières de salade, d’un quart de tomate et d’un tas de frites. Je payai, pris le plateau et tournai les talons pour quitter les lieux.
• C’est toi le nouveau prof ? demanda un des garçons, affalé sur le guidon de sa bicyclette.
• Oui, répondis-je.
• Tu nous auras, dit-il.


Quelle und Lizenz

Textquelle: Knausgaard, Karl Ove: Mon combat – Tome 4. Aux confins du monde. [Übersetzerin: Fiquet, Marie-Pierre.] Paris: Editions
Gallimard, Collection Folio 2019, S. 23-26.

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